
Chers frères et sœurs en Christ,
Les textes de ce dimanche nous convient à la joie, qui d´un festin dans la première lecture qui d´un repas de noces dans la deuxième lecture. La grande note de joie se trouve être son caractère universaliste. Dans ma méditation de ce jour je voudrais appréhender le vrai sens de cet universalisme du salut.
Déjà la première lecture du livre du prophète Isaïe annonce les couleurs en ces termes : « le Seigneur de l´univers préparera pour tous les peuples, un festin de viandes grasses, de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés ». Nous voyons ici comment le prophète considère Dieu comme le Seigneur de l´univers. Il affirme également que le festin que préparera celui-ci sera pour tous les peuples. Cette prophétie trouvera sa pleine réalisation en la personne de Jésus dans l´évangile que nous venons d´écouter.
En effet, à travers la parabole du repas des noces d´un fils de roi, Jésus nous met sur la piste de l´universalité du salut en sa personne. L´Evangéliste Matthieu est le seul à rapporter cette parabole. Saint Luc mentionne une parabole relative à un dîner, mais dans son cas personne n´est renvoyé de la salle du festin, car tous en étaient dignes. Il ne s´agit pas non plus d´un repas de noces comme chez Saint Matthieu. Bref, les deux paraboles ne se réfèrent pas à la même réalité. Matthieu parle de la réalité présente de l´Église tandis que Luc fait allusion au repas éternel. Voyons de près l´évangile proposé à notre méditation.
Jésus affirme : « Le royaume des cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils ». L´évangile passe sous silence la figure de l´épouse de ces noces, tout en mettant en relief l´époux qui est fils de roi. Certains pourraient critiquer à tort ce silence que Jésus a voulu exprès pour dire que l´épouse est une figure en construction par la présence de l´époux. Pour Origène, l´épouse est l´âme de chaque homme. Il affirme en effet : « Par l´union de l´époux et de l´épouse (c´est-à-dire de Jésus Christ et de l´âme) on doit comprendre l´acceptation de la Parole divine ». L´âme humaine ne devient épouse qu´en accueillant la Parole de Dieu. Mais en réalité l´âme humaine ici est l´Église. Il s´agit des noces de Jésus fils du Roi des rois avec l´Église son épouse. Origène expliquera également que les premiers serviteurs envoyés pour appeler les invités étaient les prophètes qui conviaient le peuple par les prophéties à la joie que provoquait l´union de Jésus Christ avec l´Église. Par conséquent, ceux qui avaient rejeté l´invitation sont ceux qui n´avaient pas voulu écouter les paroles des prophètes. Et après eux, le roi envoya beaucoup d´autres prophètes qui avaient subi une persécution brutale comme Zacharie, mort entre l´autel et le sanctuaire. Jésus pleurera sur Jérusalem dans le chapitre 23 qui suit immédiatement celui que nous méditons. Et l´un des motifs des lamentations de Jésus fut la persécution des prophètes. Ce deuxième groupe portait un message qu´il convient de déchiffrer : « Voilà : j´ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ». Ce repas ainsi décrit est la parole de Dieu dont la force est symbolisée par les toros et les délices par la graisse des bêtes. Le troisième et dernier groupe d´envoyés ce sont les apôtres de Jésus. Et c´est à eux que le roi ordonna d´inviter tous ceux qu´ils trouveraient, les mauvais comme les bons. Les Apôtres de la nouvelle Alliance ont une mission à caractère universaliste. Ce ne sont plus seulement les invités, c´est-à-dire les Juifs uniquement. Mais tout le monde est invité. Remarquons que Jésus prend le soin de préciser : les mauvais comme les bons. Alors, comment expliquer la sévérité du châtiment infligé à l´homme qui était sans vêtement de noces ? Le roi qui a puni cet homme serait-il injuste envers celui-ci ?
Que représente celui qui n´avait pas le vêtement des noces ? Origène comprend que les Apôtres appelèrent les bons et les mauvais non pas pour que les mauvais continuassent d´être mauvais, mais afin qu´ils se dépouillassent des vêtements impropres aux noces et revêtissent des habits nuptiaux qui sont les cœurs miséricordieux et bons.
Pour Saint Grégoire le Grand, l´habit nuptial symbolise la charité. Le Seigneur avait cette charité en venant célébrer ses noces avec l´Église. Entrer dans la salle du banquet des noces sans habit nuptial, c´est croire en l´Église sans avoir la charité. Celle-ci est constitutive de l´être du chrétien. Celui qui pèche n´a pas revêtu le Christ. Jésus utilise le singulier : « Mon ami, comment es-tu entré ici sans avoir le vêtement de la noce. En réalité, il s´agit d´un faux ami puisqu´il n´accueille pas la parole Fils de Dieu. La parabole sous-entend que l´invitation est accompagnée en même temps de vêtement de noce. Nous devons donc comprendre que répondre positivement à l´invitation des Apôtres, c´est se revêtir de la charité qui donne accès à la salle du banquet des noces du Christ et de l´Église. De cette manière l´universalisme dont il s´agit dans les textes d´aujourd´hui n´a rien de bon marché. Il n´est pas possible de croiser les bras en disant que de toutes les façons Dieu sauvera tout le monde. Dieu invite tout le monde au salut, mais peu de gens accueillent le vêtement du salut en Jésus Christ. C´est pourquoi, conclut l´évangile : « Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus ».
Père Martin CHOGNIKA