
La parabole des dix vierges qui attendent la venue de l’Époux nous parle du retour du Christ et tourne notre regard vers notre avenir, qu’il s’agisse de l’avenir de l’humanité, de l’avenir de notre Église, de l’avenir de notre pays, ou de l’avenir de chacun et de chacune d’entre nous.
Le livre de la Sagesse a été écrit au 1er siècle av. J.C. par un inconnu de la diaspora juive d’Alexandrie (Egypte). Il rejoint les hommes de tous les temps en quête de la Sagesse qui donne sens et valeur à leur vie.
La Sagesse est présentée ici comme une amie prévenante qui nous devance et nous recherche. Elle vient tout près de nous. Elle correspond à nos désirs et répond à notre attente. Indéfectible, la Sagesse vient de Dieu qui prend l’initiative de se révéler à l’homme et l’accompagne dans sa recherche. Cette Sagesse se laisse aisément trouver par ceux qui la cherchent en vérité, avec un cœur loyal et digne. La Sagesse va et vient pour rechercher ceux qui sont dignes d’elle ; au détour des sentiers, elle leur apparaît avec un visage souriant ; chaque fois qu’ils pensent à elle, elle vient à leur rencontre.
« La Sagesse du Seigneur vient au-devant de ceux qui la cherchent avec un visage souriant. Chaque fois qu’ils pensent à elle, elle vient à leur rencontre » (Sg 6, 16). Notre recherche de la Sagesse est bien une dimension essentielle de notre expérience de croyants et de la vie de notre Église. La Sagesse est la lumière de l’Esprit-Saint qui oriente notre liberté et notre volonté. Elle est la voix de Dieu dans la conscience de l’homme. Notre Église, dans l’attente du retour du Christ, s’efforce de vivre de cette sagesse des vierges sages qui ont pris leurs dispositions pour accueillir l’Époux au moment où il viendra et que nous ne connaissons pas. Seul le cœur qui cherche Dieu est digne de la Sagesse. Dieu, nous ne pourrons pas le trouver dans la Sagesse sans efforts soutenus pour discerner l’idéal auquel l’Auteur de notre vie nous donne d’aspirer. Voilà pourquoi la rencontre qui se fait Alliance entre Dieu et l’homme est possible. On sait bien que, pour qu’il y ait vraiment rencontre intime entre deux êtres, il faut que les deux le désirent. Or, Dieu est à la recherche de l’homme ; il faut et il suffit que l’homme soit à la recherche de Dieu. Oui, Frères et sœurs ! cultivons ce désir de la Sagesse divine chaque jour de notre vie.
Les événements que nous vivons questionnent notre foi. Croyons-nous vraiment qu’il est vivant et qu’il reviendra ? Croyons-nous vraiment qu’il est présent au milieu de nous ? Tant de chrétiens vivent aujourd’hui comme si le Christ était une histoire ancienne à laquelle nous n’aurions plus accès ! Jésus serait une sorte de sage fondateur aux écrits duquel on se réfère, mais qui reste fixé à jamais dans les profondeurs de l’histoire. Tant de chrétiens n’attendent plus rien de sa venue ni à la fin des temps ni dans l’aujourd’hui de nos vies !
Tout en croyant à la résurrection du Christ, les Thessaloniciens doutent du sort réservé à leur défunt. Leur foi et leur espérance ont du mal à passer dans leur vie. Saint Paul, dans ce texte, leur fournit une réelle source de consolation et d’encouragement, valable pour tout chrétien.
Il leur rappelle que le chrétien est un homme d’espérance, une espérance inébranlable puisqu’elle est fondée sur la résurrection de Jésus Christ, et non sur quelques espoirs humains de survie par-delà la mort. La résurrection du Seigneur est la garantie que les morts en Christ seront ressuscités. Ceux qui ont vécu dans l’amitié du Christ lui sont unis pour toujours.
Comme nous tous, les Thessaloniciens ressentaient affliction et déchirements de cœur face à la mort d’êtres chers. Paul les rassure. Lorsque nous connaissons la douleur de la perte d’un bien-aimé « endormi par Jésus », nous pouvons penser à ce jour heureux où il n’y aura plus de séparation. En effet, lors de la résurrection universelle, les vivants comme les morts, unis à Dieu, paraîtront ensemble devant le Christ, pour partager la gloire auprès du Père.
Que la foi maintienne et entretienne en nous l’espérance de cette vie en Dieu. Que cette espérance soit source de réconfort et de consolation pour nous et pour nos frères et sœurs en humanité.
Contrairement à d’autres évangiles, celui de ce dimanche n’est pas un éloge de la vigilance. Jésus ne félicite pas « les vierges sages » d’être restées éveillées. Elles se sont endormies comme les autres. La pointe de la parabole porte plutôt sur la prévoyance. Il s’agit d’être prêt à aller à la rencontre du Christ à tout moment même s’il tarde parfois à venir. Jésus invite à tenir en tout temps sa lampe allumée. Dans la parabole des dix jeunes filles en attente de l’époux, le Royaume est semblable non seulement aux « avisées » mais également aux « insensées ». Nul ne sait, au bout du compte, qui est qui et qui sera d’un côté ou de l’autre de la porte. Ce qui distingue dans un premier temps les deux groupes de jeunes filles, c’est que les unes ont de l’huile en réserve tandis que les autres n’en ont pas. Le sommeil de l’ensemble des jeunes n’est pas coupable : l’époux tarde à venir. C’est au moment de l’annonce de sa venue que l’histoire se précipite. Les « insensées » se rendent compte qu’elles n’ont pas de réserve d’huile et demandent de l’huile aux « avisées », qui les renvoient vers les marchands. Ce détour par les marchands explique leur absence au moment de la rencontre décisive, et leur impossibilité d’entrer dans la salle des noces. Ce qui est décisif ici n’est donc pas le manque d’huile, mais l’absence au moment de l’arrivée de l’époux.
Les cinq vierges folles symbolisent ceux qui laissent s’éteindre en eux la flamme de l’amour. Les cinq vierges sages donnent l’image de la perfection de l’amour qui veille : elles sont tournées vers Dieu, dans l’attente de leur époux Jésus Christ ; même s’il tarde, leur vigilance reste sans faille.
Cette parabole vaut aussi pour tous les chrétiens de tous les temps. Beaucoup se sont laissés gagner par le sommeil. L’usure du temps, la fatigue, la routine, la souffrance endorment notre foi et notre espérance. On s’installe dans l’insouciance et on oublie celui qui donne son vrai sens à notre vie. Il ne nous suffit pas d’être invités pour entrer, il faut surtout être prêts ; prévoir de l’huile dans sa lampe.
Les sages, les prévoyants, les avisés, ce sont ceux et celles qui ont choisi de s’installer dans la fidélité. Ils se sont donnés des temps réguliers de prière. Ils se sont nourris de la Parole de Dieu et de l’Eucharistie, bref des sacrements. Ils ont compris qu’un feu qui n’est pas alimenté s’éteint vite. A chacun, Jésus demande de garder sa lampe allumée. Cette lampe, c’est celle de notre conscience. Pour nous chrétiens, c’est celle de notre foi, celle de notre espérance, celle de la prière. Celle que nous avons reçu le jour de notre baptême. L’huile de cette lampe, c’est l’amour de Dieu qui doit imprégner toute notre vie. C’est cette lampe allumée qui aidera chacun à aller à la rencontre du Christ à n’importe quel moment sans être surpris.
Nous proclamons qu’il est vivant quand nous laissons la charité nous sortir de notre tranquillité pour nous mettre au service des plus pauvres de nos semblables ; quand nous allons vers les prisonniers, les malades, les émigrés, les rejetés de la prospérité. Nous proclamons qu’il est vivant quand nous nous battons pour le respect de la dignité humaine du commencement de la vie à son terme naturel : Dieu est quelqu’un qui prend visage humain. Nous proclamons qu’il est vivant quand nous mettons nos capacités au service du bien commun par l’engagement au service de la société. Dieu s’est fait serviteur.
Dans les temps que nous traversons et où beaucoup se laissent saisir par la panique en voyant s’écrouler un univers de sécurité, notre sérénité et notre engagement au service de tous, c’est aujourd’hui notre manière de nous tenir prêts à reconnaître l’Époux qui vient.
Père Simplice PASSI MASSAMBA, pss