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Homélie Du Septième Dimanche Du Temps Pascal/Année C (Ac 7, 55-60 ; Ap 22, 12-14.16-17.20; Jn 17, 20-26

“Celui qui a soif, qu’il vienne.
Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement.”

Bien-aimés du Seigneur,

Le temps de Pâques s’achève inexorablement. Bientôt, le Dimanche prochain précisément, nous célébrerons en la Pentecôte, l’apothéose théologique et missionnaire de ce temps pascal. Car la Pâque du Seigneur inclut le don de l’Esprit aux disciples ; et cette effusion de l’Esprit constitue, à son tour, la grande impulsion à l’œuvre missionnaire qui n’est rien d’autre que l’annonce du salut de Dieu en Jésus-Christ de Nazareth, le Fils unique du Père. Pas de Pâques donc sans Pentecôte. C’est à ce grand événement que nous préparent les textes de ce jour en éveillant notre attention sur l’œuvre multiforme de l’Esprit-Paraclet. Aujourd’hui, je voudrais mettre en exergue certaines conditions pour recevoir effectivement l’Esprit Saint – celles qui transparaissent dans les textes que nous venons d’écouter-. La deuxième partie de cette homélie sera consacrée à la personne d’Etienne que le récit du martyr positionne non seulement comme une figure de Jésus mais encore comme le type de témoin que nous devenons – et que nous sommes appelés à devenir- si nous nous laissons conduire et guider par l’Esprit.

Parlons d’abord des conditions favorables ou défavorables pour recevoir l’Esprit Saint que nous offrent les textes de ce jour. Je vous en présente 3 ; et je vous invite à en trouver d’autres si le bac théologique déjà si proche (Théo IV) et les examens de fin de semestre vous en laissent le loisir. La 1ère condition, c’est de prier et de prier le Père. Penser prier et en sentir le besoin et la nécessité sont un signe de bonne santé mentale de créatures finies qui se savent en dépendance au sens où elles ne sont pas leur propre source. C’est un signe d’humilité de la créature qui n’a pas le toupet de vouloir se passer de celui qui tient son souffle et dont dépend tout l’environnement qui le porte et le nourrit. Ainsi, trouver le temps de prier, c’est savoir donner la priorité à celui dont dépend sa vie. Comment peuvent-ils donc recevoir l’Esprit Saint tous ceux qui ont du temps pour la télé, les jeux, le sport, les détentes, et même leurs légitimes activités professionnelles sans en avoir de qualité pour Dieu !!! Même le Christ, le Fils unique de Dieu, au cœur de son ministère si mouvementé, savait se ménager du temps pour prier Dieu son Père de façon ordinaire et en temps cruciaux. Tout le chapitre 17 de l’évangile de St Jean en est un poignant témoignage. Un de ces signes les plus évidents qu’un père ou une mère de famille, un religieux ou une religieuse, un prêtre ou son évêque est en crise, c’est quand ils sont tellement occupés qu’ils n’ont plus le temps de prier. Dans ce cas, la chute est déjà programmée ; elle viendra sûrement ! Surtout quand on surfe sur les éloges et les acclamations. Je me souviens de la boutade de l’un de mes Professeurs (Antonio Sayés) qui disait à propos du Prêtre tellement occupé par les activités pastorales qu’il n’a plus le temps de prier : “Le prêtre qui ne prie plus, le Seigneur le punit en lui donnant beaucoup de réunions”. Avis à ceux qui en ont beaucoup !

Et en parlant de prier Dieu, il me semble important de préciser que le Seigneur Jésus priait Dieu son Père. C’est lui qui est la source de tout. C’est lui seul qui donne l’Esprit. Toutes les expériences spirituelles ne mettent pas nécessairement en contact avec Dieu le Père de Jésus… Vous connaissez sans doute l’expérience de gens qui sont entrés en contact avec des esprits douteux… de gens qui attendent, en pleine nuit, l’arrivée d’un esprit qui doit se présenter à eux à minuit, à un carrefour, en tenue d’Adam !!! Et gare à vous si vous les y surprenez ! Il est important de se donner le temps de prier et d’invoquer la bonne personne qui seul donne l’Esprit Saint. Car on demande l’Esprit, on l’implore ! Il se donne, et on le reçoit. On ne peut ni l’arracher ni le voler. Et ne le reçoit que celui qui le désire vraiment et lui est disponible. C’est le sens de cette fameuse admonition de la finale du livre de l’Apocalypse que nous venons d’écouter : “Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement.”

La 2è condition : le coefficient de charité de nos prières et de notre vie. Voyez la prière de Jésus. Elle est tout sauf égoïste. Il prie pour ses disciples. Pas seulement ceux qu’il a devant lui à l’instant ; mais il prie pour ses disciples de tous les temps, c’est-à-dire ses disciples de tous les pays, de toutes les races, de toutes les générations ! Il leur souhaite le meilleur : “qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi”. Jésus prie pour qu’ils entrent avec lui dans l’intimité du Père. Il veut partager avec les siens son privilège, sa gloire de Fils unique. Combien ici ne savent prier que pour eux-mêmes ! Leurs seules intentions tournent autour de leur propre réussite, de leurs enfants, leur famille nucléaire, leur avenir à eux. Et puis, permettez-moi de nous le dire ! Je suis de plus en plus surpris par le degré de subversion de la foi de notre peuple. Bien des fois – toute proportion gardée – ceux qui parlent le plus de Dieu sont les plus incohérents ou même les plus méchants… Ils volent allègrement et mettent la Vierge Marie sur tous leurs profils WhatsApp et autres. Ils arborent de lourdes croix ou de grands sourires quand leur cœur est rempli de jalousie, de méchanceté et de haine. C’est quand même curieux que tout le monde parle de Dieu chez nous, que nos églises soient si nombreuses et si remplies au quotidien et que paradoxalement notre tissu humain perde en consistance. Voyez comme on se fait de moins en moins confiance ! Un lieu populaire de vérification, ce sont les moments de repas ou de réceptions (Ago), même en famille ! Quand vous vous levez sans garder votre verre, revenez-vous prendre ce verre et en vider allègrement le contenu ?

La 3è condition est une posture de cœur, une disposition d’âme à éviter.  Dans la 1ère lecture, les grands prêtres et autres autorités politiques “résistèrent à l’Esprit Saint” !!! C’est ainsi du moins qu’Etienne interprète l’exaspération de ceux-là qui finiront par lui arracher la vie : “Vous qui avez la nuque raide, vous dont le cœur et les oreilles sont fermés à l’Alliance, depuis toujours vous résistez à l’Esprit Saint ; vous êtes bien comme vos pères !” Ac 7, 51. On résiste à l’Esprit quand on refuse de reconnaître qu’on fait mal. Dans ce cas, on se cherche des excuses, on se trouve des alibis pour s’innocenter et se dédouaner de la conversion nécessaire ou même urgente. On résiste à l’Esprit quand on refuse de pardonner à quelqu’un… On résiste à l’Esprit quand on n’est pas prêt à s’humilier devant le Seigneur, quand on refuse d’appeler le bien bien et le mal mal…

Comme je vous le disais au début, chacun peut poursuivre la recherche pour découvrir ce qui facilite l’accueil de l’Esprit et ce qui, au contraire rend son arrivée en nous difficile ou improbable.

Le deuxième élément sur lequel je voudrais insister, c’est la figure d’Étienne. On voit sans peine, le parallèle entre Jésus et Étienne dans ces 5 versets de la première lecture. Comme Jésus, son disciple Étienne est injustement jugé, condamné et exécuté. Malgré la douleur et l’incompréhension qui pourraient animer le disciple, il doit se convaincre que tel a été traité le maître, et que tel le disciple qu’il est, le sera aussi, car le disciple n’est pas au-dessus du maître. Tout dans la vie d’Étienne, (sa prédication et sa mort) rappelle Jésus et témoigne de lui. Car le même Esprit du Père en Jésus le Fils, est maintenant à l’œuvre en Étienne. Comme Jésus, Étienne accomplissait des signes au milieu du peuple (Ac 6, 8). Comme lui, il fut en butte à des adversaires farouches et zélés. Comme son maître, il passera au Sanhédrin, sera exécuté en dehors de la ville. Et Comme lui encore, à l’article de la mort, il aura la force et la noblesse de pardonner à ses bourreaux : “Seigneur, ne leur compte pas ce péché”. À l’imitation de Jésus qui remet son esprit à Dieu son Père, lui Étienne remet son âme au Seigneur Jésus ! Ce faisant, Étienne met Jésus dans le rôle divin du Père et professe l’égalité de nature du Père et du Fils. De plus, en déclarant devant ses accusateurs : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu », Étienne confirme les affirmations de Jésus quelques années plus tôt lorsqu’il était lui-même devant le Sanhédrin : “vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel. » (Mc 14, 62).  Voilà la vie d’Étienne ! Voilà ce que l’Esprit du Père a pu faire de la vie de quelqu’un qui fut choisi pour s’occuper de la distribution de nourriture, du service de table (…). Il n’était pas un apôtre ; mais parce qu’il était rempli de l’Esprit Saint (Ac 7, 55), Étienne est devenu modèle de confiance dans le Christ ressuscité. Il est aussi devenu le protomartyr. Voilà l’œuvre extraordinaire que le Père veut réaliser en nous lorsqu’il promet l’Esprit par son Fils.

Même après sa mort, Étienne continue d’être fécond. À preuves, Saul de Tarse, le jeune homme qui contemplait sa lapidation et approuvait sa mort se convertira plus tard en un zélé prédicateur du même évangile !  Surtout, cette violente persécution déclenchée contre les croyants et dont il était la première victime, sera à l’origine de la prédication de la Bonne nouvelle en dehors de Jérusalem. A quelque chose malheur est souvent bon dans nos vies. Puissions-nous, comme Étienne, être disponibles à l’Esprit dans nos vies. Préparons nos cœurs et nos vies à l’accueillir à Pentecôte. Ne nous contentons pas des seules neuvaines à l’Esprit.

Aujourd’hui, 7è Dimanche de Pâques, Dimanche précédant Pentecôte, nous venons d’en parler longuement. Mais j’ai bien l’impression que toutes ces considérations seraient bientôt éclipsées par une autre, profane peut-être mais foncièrement remplie d’inspiration de l’Esprit qui sait se retrouver où on l’attend le moins… Aujourd’hui le monde francophone célèbre la fête des Mères. On connaît la place d’une Mère dans la vie d’un être humain Et chacun sait ce qu’il doit à sa Mère biologique et/ou à celles qui en ont assumé la responsabilité.

Bonne fête à toutes les Mères !

Bonne fête à toutes nos Mères !

Bonne fête à toutes celles qui ne le sont pas et ne le seront jamais biologiquement mais qui ne le sont pas moins par leur vie toute donnée maternellement. En leur souhaitant bonne fête, prions pour elles ! Pour celles qui sont encore vivantes et pour celles qui ont rejoint déjà la Maison du Père.

Prions pour toutes les femmes ! Que l’Esprit du Seigneur les aide à devenir de véritables Mères dans nos familles et dans nos sociétés ! AMEN !

Père Patrick BADOU, pss.

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