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Homélie du 1er dimanche de Carême / Année A (Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a ; Ps 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17 ; Rm 5, 12-19 ; Mt 4, 1-11)

La Parole de Dieu de ce premier dimanche du carême attire notre attention en nous montrant comment les ruses du démon sont toujours là pour nous empêcher de grandir dans la foi et la confiance en Dieu. Le carême, ce temps où le disciple s’efforce de mieux suivre les préceptes du Seigneur, est aussi celui où le démon multiplie ses pièges. L’Eglise traverse en ce temps-ci une période de désert. Elle nous invite donc à faire face, avec l’aide de Dieu, aux assauts du démon.

Tandis qu’Eve succombe à l’attrait de l’interdit dans la première lecture, Jésus repousse vigoureusement le tentateur dans l’Evangile. Il est le nouvel Adam par qui la grâce est plus abondante que le péché.

Le récit de la tentation selon saint Matthieu permet de vérifier ou d’éprouver la qualité de fils attribuée à Jésus depuis la révélation du baptême (Mt 3, 13-17) : comment celui que la voix du ciel a proclamé « fils bien-aimé » (3,17) est-il « fils de Dieu » (4, 3.6) ? Le tentateur propose à Jésus de résorber l’expérience du manque, constitutive de l’humanité, par la toute-puissance qui est négation de la réalité (dans le monde des hommes, une pierre ne se transforme jamais en pain !).

Le diable sait que Jésus est fils de Dieu. Sous forme d’un défi, il propose la disparition du manque en convoquant la puissance divine qu’il suppose demeurer dans la personne d’un « fils de Dieu ». En proposant à Jésus de faire un miracle pour calmer sa faim, le diable a en outre une autre idée de l’être-fils-de-Dieu de Jésus : il voit en lui le maître du crée et le sait capable de le soumettre à ses besoins comme nous l’avons vu avec Eve et Adam dans la première lecture. L’objet de la première tentation n’est ni peccamineux : le diable ne demande pas à Jésus de faire le mal, de désobéir à Dieu son Père, seulement de se nourrir pour ne pas défaillir et d’utiliser pour cela le don qu’il a de faire des miracles.

Usant de ruse, sa stratégie est de rendre, aux yeux de sa victime, attirant le non permis, de rendre séduisant le défendu. S’adressant à Eve la femme dans la première lecture, il en arrive, dans son offensive, à présenter Dieu comme opposé à la liberté et à l’émancipation du couple : « la femme s’aperçut que le fruit de l’arbre était agréable à regarder et qu’il était désirable, puisqu’il donnait l’intelligence » (v.6). La femme d’abord, puis son mari se jettent ainsi dans la conquête de leur indépendance par un acte de rupture et de désobéissance, qui provoquera la colère divine. Il faudra le sacrifice du Christ pour enlever les effets de cette colère. En reconnaissant l’Amour inconditionnel du Père pour Lui et pour l’humanité, Jésus professe sa filiation divine et sa docilité au Père. Le diable veut conduire Jésus à utiliser son pouvoir divin à son propre avantage. Jésus montre qu’obéir à Dieu vaut plus que cet orgueil.

La seconde tentation, invite Jésus à faire allégeance au diable et à ne plus être fils de Dieu. On voit clairement comment le diable évite de prononcer le mot « Dieu ». L’adorer lui le diable n’avait rien avoir avec Dieu. Il veut être reconnu comme le Seigneur de l’univers qu’il faut adorer pour obtenir puissance sur tout. Il lui propose l’autorité et gloire absolues sur tous les peuples, leurs gouvernants et sur tous les êtres humains. Il oublie que tout pouvoir vient de Dieu et s’exerce dans l’obéissance à Dieu.

La troisième tentation, le diable tente Jésus sous l’apparence du bien : croire que Dieu son Père le protégera toujours. En utilisant insidieusement l’Écriture Sainte, le diable veut pousser à obliger Dieu à intervenir en sa faveur. La réaction la plus vigoureuse du Christ concerne la dernière tentation par laquelle le diable demandait pour ainsi dire à Jésus de lui vendre son âme en l’adorant.

En somme, le tentateur déclare qu’est « fils de Dieu » celui qui échappe à la condition humaine : ne plus connaître ni la faim (v.3) ni la mort (v.6).

A la tentation qui propose de ne plus connaître les épreuves et les limites que connaît tout homme, Jésus oppose son refus, fissurant ainsi la figure du Dieu définie par le tentateur. Jésus n’est « fils de Dieu » qu’en renonçant à être dieu au sens où le terme définit le contraire de ce qu’est l’homme.  

Le récit de la tentation insiste sur le refus de la toute-puissance comprise comme déni de la réalité. Il invite également à une écoute symbolique des signifiants : la nourriture véritable, c’est la parole de Dieu. Est nourri celui, ne succombant pas à la tentation du refus de la limite, se sait dépendant de l’Autre.

En proposant ce récit de la désobéissance originelle, l’Eglise veut attirer l’attention des fidèles sur les entreprises sournoises et toujours actuelles du tentateur, et les appeler à la vigilance. La tentation de Jésus invite à refuser toutes les compromissions qui mettraient en péril la fidélité du disciple et à savoir se retirer dans le désert pour se préparer à toute mission à nous confier par le Seigneur.

Le Christ, au désert nous dit saint Augustin, était tenté par le diable ! « Dans le Christ, c’’est toi qui étais tenté, parce que le Christ tenait de toi sa chair, pour te donner le salut ; tenait de toi la mort, pour te donner la vie ; tenait de toi la mort, pour te donner la vie ; tenait de toi les outrages, pour te donner les honneurs ; donc il tenait de toi la tentation, pour te donner la victoire. »

Que la Parole de Dieu soit pour nous une nourriture quotidienne et que la Vierge Marie  de l’Eglise intercède pour nous pendant ce temps de carême. Amen !

Père Simplice PASSI MASSAMBA

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